Décoloniser la pédagogie du clown

Il s'agit d'un nouveau projet avec deux sources principales.

Tout d'abord, un précédent projet de recherche mené il y a un peu plus de dix ans, qui interrogeait les approches orthodoxes privilégiant les notions d'authenticité et de soi à travers une recherche de vulnérabilité

Deuxièmement, les nouvelles conditions politiques et culturelles que nous avons vécues au cours de l'année écoulée depuis que l'influence de BLM s'est fait sentir à l'échelle mondiale.

Le projet original était une bourse créative de 3 ans (2007-2010) détenue par Jon Davison à la Central School of Speech and Drama. Le projet a exploré la formation des clowns/acteurs dans le contexte des pratiques et de la recherche de formation d'interprètes des 20e/21e siècles. L'objectif principal était de poser des questions sur les hypothèses orthodoxes largement répandues dans la pratique et la pédagogie du clown sur les notions d'authenticité, de présence, de spontanéité et de privilégier la vulnérabilité comme méthode d'accès privilégiée pour les étudiants. Les résultats comprenaient des recommandations politiques ouvrant de nouvelles voies de performance et de pratique pédagogique qui suggéraient des alternatives aux idéologies du soi qui avaient leur origine dans les conditions très différentes de l'Occident dans les années 1960. Les sorties comprenaient une documentation vidéo et des articles et par la suite deux livres à auteur unique (Clown: Readings in Theatre Practice and Clown Training – un guide pratique). Voir ici aussi : https://www.jondavison.net/clown-actor-training

Le nouveau projet fait suite à ces explorations, constatant que les problèmes soulevés pourraient bien avoir un impact et une valeur plus importants en s'engageant avec des enseignants et des étudiants en dehors des cercles orthodoxes de prestige dans la communauté mondiale des clowns.

Un nouveau contexte urgent pour la recherche originale est apparu au cours de la dernière année, avec l'urgence de répondre aux mouvements mondiaux qui mettent en évidence le racisme institutionnalisé et structurel dans nos sociétés. Au sein de la communauté mondiale des clowns, beaucoup ont été impliqués dans des discussions sur la manière de procéder et de réexaminer nos pratiques. Une question primordiale qui se pose maintenant est de savoir comment décoloniser la pédagogie du clown. Et les options et hypothèses qui sont problématisées semblent en général revenir à cette idéologie de la vulnérabilité. Bref, les mêmes questions qui avaient hanté les recherches précédentes refont surface aujourd'hui comme potentiellement des obstacles à une pratique pédagogique qui n'exclurait pas la majorité mondiale. C'est-à-dire examiner l'hypothèse selon laquelle la vulnérabilité n'est principalement ouverte qu'à ceux qui sont suffisamment privilégiés dans nos sociétés pour vivre une vie où ils ne sont pas constamment menacés.

Cette application spécifique de la recherche n'a pas été explorée ou envisagée explicitement dans la recherche originale, mais notre moment culturel et politique nous pousse clairement à le faire maintenant.

Ce nouveau projet émerge également de l'étude et des discussions en cours au sein des cours d'études sur les clowns à la London Clown School en 2020 et 2021. Une grande partie du débat dans ces cours s'est concentrée sur la façon dont une meilleure compréhension et analyse de l'histoire des clowns peut ouvrir de nouvelles voies pour notre pratique aujourd'hui.

La planification n'en est qu'à ses débuts, mais la London Metropolitan University est déjà à bord, qui souhaite agir en tant qu'organisme de recherche hôte pour une demande de financement auprès du Arts and Humanities Research Council, Jon Davison jouant le rôle de chercheur principal. Amrita Dhaliwal, de l'Idiot Workshop à Los Angeles, agira en tant que partenaire du projet.